Exposition : Jacqueline Lerat, l'être et la forme 2012 à Sèvres / Hauts-de-Seine

Evènement passé.

Du 30 mai au 30 octobre 2012 à Sèvres.

Dans la dynamique créée par la rénovation des espaces réservés aux collections, la Cité de la céramique poursuit sa politique d'expositions consacrées aux grandes figures qui ont marqué la céramique et à leurs rencontres avec d'autres champs comme la peinture, le design ou la photographie. Cette nouvelle approche est indispensable pour qui veut comprendre les croisements entre plusieurs milieux du monde artistique, leurs différentes représentations des oeuvres ou les sources de renouvellement du vocabulaire formel utilisé par les artistes.




A la limite de l'équilibre, 2006
H 40 cm(c) Paul-Antoine Levasseur

Figure emblématique du monde de la céramique, Jacqueline Lerat (1920-2009) est parvenue, par une oeuvre rare, exigeante, intériorisée, irradiée par une réflexion toujours sur le qui-vive, à toucher tous les milieux du champ artistique contemporain. De l'art sacré à l'architecture en passant par la sculpture, la peinture, le graphisme, la photographie, le design, la poésie... rares sont les domaines de la création qui n'ont pas, ces dernières décennies, bénéficié d'un ou de plusieurs liens étroits avec l'oeuvre de Jacqueline Lerat.

Cette dernière demeure pourtant méconnue du public alors même qu'elle fait l'objet d'une véritable fascination chez de nombreux artistes, notamment ceux qui ont bénéficié de son enseignement à l'école nationale des Beaux-Arts de Bourges, de 1963 à 1986. Ce rôle d'enseignante, de passeuse a été maintes fois souligné. Ce n'est pas tant un savoir, un savoir-faire que ses étudiants revendiquent comme héritage mais surtout une qualité d'écoute, une exigence vis-à-vis d'eux-mêmes, un regard sur le monde et sur les oeuvres, parfois même une éthique de vie.

L'exposition proposée ici a l'ambition de rendre compte de la richesse de cette personnalité dans tous ses aspects. Elle cherche à mettre en avant la sensibilité, la discrétion, la générosité d'une créatrice hors du commun, mais aussi son implication dans les réseaux, la réflexion et la créativité formelle des avant-gardes artistiques et architecturales des années 1940 aux années 2000. Son oeuvre, riche de nombreuses pièces inédites, y est pour la première fois confrontée à ses nombreuses lectures ; aux peintures, aux sculptures, aux photographies de celles et ceux qu'elle a admirés, côtoyés ou accompagnés. La céramique y apparaît pour ce qu'elle est : un matériau primitif élevé au rang d'art majeur par la seule puissance de l'esprit et de la sensibilité.

Jacqueline Lerat découvre la céramique dans le Mâconnais où elle passe sa jeunesse ; elle fréquente le Contadour de Jean Giono et la céramiste australienne Anne Dangar à Moly-Sabata. Après des études de dessin à Mâcon et un passage à l'école des Arts Décoratifs de Paris, elle rencontre en 1943 Jean Lerat (1913-1992) à La Borne (Cher), village de potiers où ce dernier, appelé par le collectionneur et éditeur François Guillaume, était en train de donner une nouvelle inflexion au travail de la terre. A la mort du grand céramiste Paul Beyer, en 1945, le couple reprend son atelier et entreprend une oeuvre commune fidèle à la terre de La Borne, aux cuissons au bois et à un souci de la forme dans sa relation à l'espace. Jean et Jacqueline Lerat sont à cette époque impliqués dans le renouveau de l'art sacré impulsé par le père Régamey. Ils ont également à coeur de participer à la création architecturale contemporaine. A partir de 1955, ils vivent à Bourges et enseignent à l'école nationale des Beaux-Arts, où ils marquent durablement par un enseignement ouvert et fascinant plusieurs générations de céramistes et de créateurs, pour la plupart encore actifs aujourd'hui et ayant des pratiques très diversifiées.

Après 1992, Jacqueline Lerat poursuit seule son oeuvre qui taquine volontairement les notions d'abstraction et de figuration, qui transcende une matière-couleur parfaitement maîtrisée et affinée au fil du temps et qui lui a assuré une renommée internationale. Par son rôle fondateur dans l'évolution de La Borne, par son enseignement et son réseau d'étudiants, par son oeuvre d'une exigence formelle et intellectuelle d'une rare rigueur, Jacqueline Lerat compte parmi les céramistes qui ont le plus marqué la scène artistique française de l'après Seconde Guerre mondiale.

Exposition : Jacqueline Lerat, l'être et la forme
Du 30 mai 30 octobre 2012
Sèvres ' Cité de la céramique
2 place de la Manufacture
92310 Sèvres
Tél : 01 46 29 22 00
Fax : 01 46 29 22 08